Portrait



Issu d’une famille de militaires iraniens, dont les ancêtres venaient du Caucase, il quitte à 22 ans son pays pour retrouver son frère Dariush, qui débute à Florence une carrière de peintre. En 1976 Chahab s’établit à Nice. En plus des cours de lettres et de sociologie que lui dispense la faculté, il s’inscrit en Arts Décoratifs aux cours du soir de la Villa Arson. La rencontre avec Paul Hervieu, galeriste et collectionneur sera déterminante.

Le marchand d’art deviendra un peu son mécène, et l’invitera à une première exposition de groupe en 1977. Par ce même biais, il rencontrera Henri Goetz, James Coignard, Serge Hélénon, et Max Papart. C’est la famille Hervieu qui l’incitera à se familiariser avec la technique atelier Chahab de la gravure. Plus tard à Marseille, sous la houlette de Joël Kermarrec, Christian Jaccard, René Richier et Sonia Hopf, il apprendra à l’école des Beaux-arts, ce qu’on appelait alors “les arts mineurs”, lithographie, gravure, céramique, sérigraphie, par opposition aux arts majeurs, peinture et sculpture.

Sa volonté, celle qu’il a affirmée dès le début, c’est de bien posséder à fond toutes ces techniques afin d’inventer entre elles des passages jusque là inconnus. Dans ce sens il mets à profit ces années d’études. Sortant de l’école des Beaux-arts de Marseille avec son diplôme,(mention T.B.) il y deviendra assistant. Un peu plus tard, il sera professeur décentralisé dans les quartiers nord de la cité phocéenne.A Aix-en-Provence il fera une autre rencontre déterminante, celle de l’enseignant Claude Lasnel. Sa soif de connaissance lui fera de nouveau suivre des cours à la fac de Lettres puis des cours d’Arts Plastiques, et par là même engager avec cette ville de Provence, un lien affectif qui persiste encore aujourd’hui.

C’est pendant cette période qu’il va une première fois s’intéresser à la calligraphie. Mais davantage comme mode d’expression plastique, que vecteur de signification. L’intérêt que Chahab manifeste pour ces signes Chahab premiers n’est sans doute pas sans liens avec un retour sur les fondamentaux du peuple Perse. Sa prise de conscience pour les traces anciennes de civilisation, se fait à un moment où la révolution Islamique bouleverse les courants d’une société Iranienne jusque là davantage tournée vers l’occident.
Son intérêt pour les arts rupestres se double de la découverte de la matière comme support possible de l’action picturale. La roche en l’occurrence. Lorsqu’on sait la préoccupation de l’artiste pour la matière, il n’est pas difficile d’en déduire les raisons…

C’est toujours à Aix en Provence qu’avec ses amis, il participe à la création du centre d’Art Contemporain “3 F.Bis” toujours actif aujourd’hui. Dans cette même ville il donnera aussi des cours d’Art-Thérapie, et entamera un premier dialogue avec le Théâtre pour imaginer la conception de décors.Trois voyages à l’ile de La Réunion pour exposer et créer, vont parachever cette période ou s’est forgé sa perception du monde sensible, et son engagement artistique.
La surprise de Faire mêlée à L’envie d’entreprendre, seront les bases fondamentales de l’orientation que Chahab s’est choisie dans les arts plastiques.

Sa recherche personnelle va se développer au croisement de la peinture, de la sculpture, et de diverses techniques d’impression ou de reproduction, qui mêlées entre elles avec savoir et invention vont peu à peu définir les contours de sa propre création.Trente ans après ses débuts, sa curiosité reste intacte, et s’il développe de plus en plus son penchant pour la sculpture, il n’est pas surprenant de le voir actuellement s’intéresser à la conception de mobilier urbain.
En 1986, pour des raisons personnelles Chahab s’installe à Amsterdam.Toujours taraudé par le besoin d’apprendre, et alors qu’il a déjà souvent exposé son travail, il s’inscrit comme auditeur libre à la Rietveld Akadémie . Mais c’est aussi durant cette période où il dispose d’un véritable atelier, que sa propre recherche prend un tour plus personnel. Désormais sa création s’articule autour de trois grands axes : la gravure, la céramique, et la peinture. Il fait en Hollande plusieurs expositions, et réalise pour le Musée de Ethnologie de Rotterdam une installation éphémère. La relative rapidité avec laquelle il crée, le conduira à exposer fréquemment entre Paris, la Suède et l’Allemagne.

En 1990, nouvelle expatriation, et retour en France. Ce sont les Hautes Pyrénées qui cette fois l’attirent : il s’installe à Tarbes. Un grand atelier va lui permettre de donner plus d’amplitude à son orangerie Tarbes travail. Il réalisera dans l’Orangerie du jardin Massey, une sorte d’installation de formes épurées qui oscillent entre mobiles et sculptures. Cette exposition marquera durablement la mémoire culturelle de la ville, car jamais le lieu mythique de ce grand parc n’avait été investi d’une telle manière.A tel point que René Trusses, alors directeur de la F.O .L. lui demandera d’être le peintre exposant du Mai du Livre à Tarbes en 1994.

Il fera un bref retour à Marseille dans les années 96, 97 sur les traces de ses premiers engagements, puis reviendra définitivement dans les Pyrénées. Il acquiert l’année suivante, à Nay, une ancienne minoterie avec l’idée généreuse d’en faire un Centre d’Art ! Quatre années de détermination, ajoutées à l’aide de quelques compagnons de chantier, et des membres de l’association Nayart viendront à bout de ce projet gigantesque. Bardé d’un réalisme à toute épreuve, il assumera seul la responsabilité de ce projet gigantesque, sans jamais succomber au moindre découragement. Il sera tout de même soutenu moralement dans cette entreprise par des amis proches, et quelques collectionneurs fidèles, comme Frédéric chevalier, qui s’occupe de mécénat artistique. Ou encore Jean et Monique Aerens dont il fera la connaissance lors de son exposition à L’abbaye aux dames de Saintes. Désormais La Minoterie est un vrai lieu d’Art vivant.Aujourd’hui sans équivalent dans les Pyrénées-Atlantiques, puisque partagé entre une Artothèque, un atelier de gravure, et une salle d’exposition qui développe une programmation annuelle. On y trouve également la possibilité d’accueillir des artistes en résidence, et surtout celle d’offrir une vitrine tant aux artistes locaux qu’aux peintres et sculpteurs étrangers croisés par Chahab au cours de ses diverses expositions. Car la mise en route de La Minoterie qui en aurait vue plus d’un baisser les bras, ne l’a pas empêché de poursuivre son propre travail.

D'après le texte de Michel Dieuzaide